Un journée qui commence mal au Palais Impérial

Siegfried se trouvait à des lieues du palais, au milieu d'un village de paysan. On lui avait demandé de retrouver de jeunes disparues, et il venait tout juste de commencer son enquête...
Quand soudain, un mal de crâne terrible lui prit. Il se recroquevilla et prit sa tête dans ses mains, à la plus grande surprise des passants : une aura intense l'entoura, ce qui les effraya.

* Sigfried ...Venez...par pitié entendez ma voix...venez...* résonnait dans sa tête : comment une telle puissance avait pu s'immiscer dans son esprit pourtant si complexe?

Une grande impulsion s'ensuivit, ainsi qu'un courant d'air violent, et le Vampire avait, à la grande surprise de tous, disparu. Son étonnement était tel qu'il avait réuni toutes les forces possibles et imaginables que possédait sa race, et il se déplaçait à une vitesse incroyable. Même un cheval n'aurait pu rivaliser avec la puissance de sa course.

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Plusieurs heures plus tard, Siegfried était arrivé à Adc, et ne prenant même pas la peine de se reposer, se dirigea d'un pas rapide vers le Palais Impérial. Sa course l'avait vidé de pratiquement toute son énergie, mais il n'avait pas le temps de faire le nécessaire pour se recharger. Arrivé devant la chambre de l'Impératrice, il s'arrêta un instant et écouta : un fredonnement s'entendait à travers la porte.

Il entra dans la pièce, sans que personne ne s'en rende compte, comme à son habitude : ses capacités auraient pu faire de lui un parfait espion, mais il n'aimait pas qu'on le pense comme ça. C'était la première fois qu'il rentrait dans la chambre de l'Impératrice, et il marqua un instant une pause pour admirer ce que peu de personnes avaient eu le loisir de voir. Nicodémus était devant la fenêtre, et fredonnait un air dans une langue qui lui était familière. Il observa les armoiries au dessus du lit où la belle Lou était allongée, comme endormie.

Soudain, un éclair lui traversa l'esprit :

"Et si ...? Non".

Il tourna son regard vers l'Impératrice, et même si il n'avait jamais réussi à pénétrer son esprit (chose qui le troublait grandement), il tenta le tout pour le tout. Personne ne l'avait vu, et l'Impératrice étant faible, il tenta sa chance... Tout en s'approchant lentement du lit ...

Réunissant ses dernières forces, Siegfried rattrappa l'Impératrice avant qu'elle ne touche sol, et il l'allongea avec précautions dans son lit. Il retira ses gants, profitant du peu de lumière qui passait à travers la fenêtre, et pris un linge humide pour le poser sur le front de Lou.

Il se demandait comment elle pouvait résister autant, comment une simple humaine pouvait résister à sa capacité pourtant parfaite. Déjà la première fois qu'il avait rencontré la jeune femme, il avait été troublé par cette résistance. Il avait presque réussi ce coup-ci, mais son esprit s'était refermé, malgré sa faiblesse. Mais les questions à son sujet se faisaient trop pressantes, il n'avait pas pu se retenir, lui qui était pourtant toujours maître de lui. Aussi puissante soit elle, Lou était toujours un mystère pour lui, au même point que lui l'était pour elle. Heureusement que Nicodémus l'avait arrêté à temps, il se sentait honteux d'avoir tenté de souiller un aussi bel esprit en apparence (même le petit aperçu qu'il avait eu avait suffit à lui couper le souffle).

Il s'agenouilla, et prit dans les siennes les mains de l'Impératrice :

"Je suis sincèrement désolé, je n'aurais pas dû ..."

Il s'arrêta net, se releva lentement, remit ses gants et se dirigea d'un pas lourd vers la porte d'entrée ... où il s'effondra, épuisé par la fatigue.

Le vampire se réveilla plus tard dans la nuit, et il ressentit un courant d'air frais fort agréable. Il se redressa péniblement, et se rendit compte qu'il était recouvert d'un mince drap en soie : jamais il n'aurait pensé que l'Impératrice s'occupe si bien de lui, lui qui pensait qu'elle ne l'appréciait guère. Il se trouvait maintenant face à cette dernière qui dormait paisiblement, elle avait l'air mieux que la veille, et cela le rassura.

Il se dressa sur ses jambes, et se dirigea lentement vers la fenêtre qui était ouverte, en s'assurant de ne faire aucun bruit pour ne pas réveiller la belle Lou. Le ciel étoilé était magnifique, et la lune était pleine. Il s'appuya légèrement sur le rebord, et jeta un dernier coup d'œil en arrière.

Il ôta sa capuche, ainsi que son masque : la lueur de cette belle lune éclaira une marque sur son front, stigmate d'un passé fort douloureux. Il passa sa langue sur ses canines, et repensa aux temps jadis. Une larme se mit à couler le long de sa joue, mais il l'essuya vite d'un revers de la manche. La douce brise jouait dans ses cheveux mordorés, où il passa sa main afin de se recoiffer : il avait rarement l'occasion de le faire, aussi fallait il en profiter.

" Quelle belle soirée", se dit-il "mieux vaut ne pas y repenser, je dois être fort pour ..."

Il fut interrompu dans ses pensées par le hurlement d'une bête, qu'il estimait assez lointain, mais qui lui glaça tout de même le sang. Il sentit derrière lui l'Impératrice se redresser dans son lit, et il s'empressa de remettre sa "protection".

Il se retourna pour voir Lou, les yeux grands ouverts, et avec un air fortement surpris ...

{C'est à ce moment là que Siegfried remarqua le pendentif que portait l'Impératrice.}

Siegfried poussa un soupir de soulagement : l'Impératrice n'avait apparemment pas vu son visage car elle ne dit pas un mot, se leva et se couvrit d'une magnifique robe de chambre.

Il observa l'Impératrice se diriger lentement vers lui, et se placer de l'autre côté de la fenêtre : étant donné sa démarche calme et sûre, il en déduisit qu'elle était rétablie. Elle ne dit rien, et paraissait perdue dans ses pensées. Il s'accouda à son tour sur le bord de la fenêtre, et se mit à réfléchir tout en regardant la belle Lou :

" Ce n'était pas un hurlement ordinaire, c'était le cri d'une bête à l'agonie... Je devrais peut être lui en parler, elle est assez forte pour résister à ma voix ... "

En effet, au moment du cri lugubre, il avait ressenti quelque chose d'étrange : la créature en question luttait contre elle même, elle semblait avoir un côté doux et attentionné, et un autre sauvage et violent. Siegfried avait rarement eu l'occasion de croiser un Lycan, mais il était à peu près sûr que s'en était un. Mais, surtout, il arrivait à sentir l'odeur d'une soif de ... sang, et une partie de la créature luttait contre cette bestialité.

Il se rappela le début de sa mutation, la soif de sang inextinguible qui l'animait, et l'envie de tuer tout être vivant. Il frissonna, et se décida à parler à l'Impératrice.

Au moment où il allait parler, il s'arrêta net : Lou avait le regard perdu dans le vide, et le vent jouait dans ses magnifiques cheveux. Il était probablement l'une des rares personnes à l'avoir vu d'aussi près, et avec les cheveux relâchés.

D'un coup, il aperçut l'amulette se décrocher.
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L'amulette disparut devant l'Impératrice : elle n'était pas tombée comme elle s'y attendait, elle avait juste ... disparu.

Elle se tourna vers Siegfried qui observait attentivement un objet dans ses mains, et réalisa que c'était son amulette.

Il lui tendit l'amulette, et elle sentit son regard posé sur elle.

" Désolé si je vous brusque un peu, mais nous devons sauver cette créature. Je ne sais pas pourquoi mais je ressens quelque chose d'étrange à son sujet, nous devrions aller voir nous même de quoi il retourne. Si vous le voulez bien, je vous expliquerai tout en route. Et, si vous avez des questions, n'hésitez pas : je suis disposé à ne parler qu'à vous, car mon pouvoir ne peut vous corrompre. "

L'Impératrice le regarda d'un air dubitatif ...

Lou fixait Wagnerr d'un d'air suspicieux. S'occuper soi-même du lycan? Drole d'idée, les gardes pourraient le faire eux-même. Mais après-tout pourquoi pas. Elle sourit et hocha de la tête. Elle saisit son pendentif et l'accrocha à son cou en vérifiant qu'il tenait bien en place.

La jeune femme regardait au loin. Le lycan ne devait pas être bien loin..dans les plaines...à quelques kilomètres de là. Le hurlement qui l'avait glacée auparavant se fit à nouveau entendre....un mélange entre un cri humain et le hurlement d'un loup...une horreur...Sans doute était-ce une première transformation?

Une chose était sûre si Wagnerr proposait d'y aller il devait sans doute avoir une bonne raison.

Lou se dirigea vers une clochette posée sur une petite table et sonna. Une femme de chambre entra:

- Votre Grandeur a besoin de quelque chose? demanda-t-elle en s'inclinant respectueusement.

- Oui, faites moi porter une toilette de voyage de suite, ensuite annoncez que l'on selle quatre chevaux vigoureux. Que deux de mes meilleurs gardes se tiennent prêt à partir. Monsieur Wagnerr et moi devons sortir dans les plaines.

La jeune servante allait se retirer quand Lou l'interpella de nouveau:

- Ho et s'il vous plait...Je sais que Nicodémus vous a demandé de me surveiller....je vous serais gré de ne pas l'informer de cette escapade nocturne...

L'impératrice avait eu un petit sourire narquois...elle était capable de faire payer à la servante son manque d'obéissance si Nicodémus venait à apprendre par elle que Lou avait quitté ses appartements...L'impératrice n'était pas à prendre pour une enfant de chœur.


Lou se tourna à nouveau vers la fenêtre en attendant que ses ordres soient appliqués.


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La nuit était tombée su ce pauvre bougre...Il était suivi et ne s'en était pas rendu compte...Voila trois jours qu'il avait été attaqué et qu'on l'avait mordu...Il vivait depuis un enfer. Il souffrait d'une terrible fièvre et maintenant que la lune était ronde et scintillante de mille feux, il la regardait avec angoisse, cloué au sol en proie à une vive douleur qui le transpercait de par en part continuellement.

Ses pupilles étaient dilatées, ses yeux injectés de sang... il sentait ses dents devenir de plus en plus fournies et pointues. Il hurla de douleur...un hurlement qui toutefois n'avait pas grand chose d'humain...Il avait peur...terriblement peur...

Soudain une ombre apparue devant lui...Un homme aux yeux rougeoyants...une expression bestiale et effrayante se dessinait sur les traits de son visage encore jeune...Un sourire laissa apparaître des dents d'une incroyable blancheur mais dont les canines extraordinairement pointues était fortement proéminentes. Le malheureux écroulé au sol reconnu l'homme qui l'avait attaqué...enfin si on pouvait appeler ce triste sir un "homme"...il n'avait rien d'humain...tout dans son être transpirait la bête. Un odeur de sang s'échappait de lui...il faisait peur à voir...

Le pauve garçon qui agonisait parvint à articuler quelques mots...

- Que...qui êtes-vous...que m'avez...vous...fait...?

Le sourire de l'autre s'élargit alors....

Wagnerr admirait de plus en plus la belle Lou. A peine avait il dit ces mots qu’elle acquiesça, non pas parce qu’elle avait été séduite par sa voix (car tel était son pouvoir), mais parce qu’elle l’avait décidé d’elle-même. De plus, avec le sourire.

- Commencerait-elle à me faire enfin confiance ?

Il l’observa remettre son collier en place et vérifier qu’il tenait bien, et se demanda pourquoi diable elle portait cette amulette qui lui rappelait tant de souvenirs. Il se perdit un instant dans ses pensées, et fut surpris par le carillon d’une clochette, qui eut pour effet de faire entrer précipitamment la femme de chambre de Lou, qui ne s’aperçut même pas de sa présence.

Lou donna ses ordres, et la rappela au moment où elle partait. Il prit donc la décision de ne prendre aucun risque : si Nicodémus apprenait qu’ils partaient sans lui, il serait bien capable de l’accuser d’avoir manipulé l’Impératrice, même si il savait pertinemment qu’elle ne pouvait être manipulée si facilement. Il se concentra :

- Tu ne diras rien à Nicodémus, tu ne diras rien à Nicodémus. Tu oublieras même où nous serons partis une fois que tu auras préparé ce qu’il faut.

Il remarqua Lou qui commençait à avoir un petit sourire narquois, ce qui le fit sourire : son action n’était sans doute pas nécessaire, l’Impératrice savait se faire obéir. Mais bon, ce qui est fait est fait comme on dit.

Lou se tourna vers la fenêtre, sans doute en attente de recevoir ce qu’elle avait demandé, et décida de se jeter à l’eau :

- Votre altesse, si vous avez quelques questions en attendant, je me ferais une joie de vous répondre. Attention tout de même, il y a des sujets que je ne pourrais tout de même pas aborder, car cela pourrait vous mettre en danger, aussi forte soyez vous.

Le Vampire fut surpris de voir qu’une fois la servante arrivée, Lou se dirigea derrière un paravent, à quelques centimètres à peine de lui. Il se surprit à regarder sa silhouette. Il se ressaisit tout de suite, et secoua la tête, étonné de sa propre réaction. Il se demandait toujours comment une femme d'un certain âge pouvait rester physiquement aussi jeune, et garder un esprit aussi bon enfant, malgré le sérieux qu'elle montrait à tous ses sujets. Cela ne lui déplaisait guère, mais il était tout de même sceptique.

Il écouta attentivement ses questions, et se mit à réfléchir à la façon dont il pourrait lui présenter les choses. Siegfried la vit sortir de derrière le paravent, dans une tenue assez inhabituelle, mais qui avait l’air de laisser libre ses mouvements. Il l’observa finir de s’habiller et tourner sur elle-même, et se prépara à parler quand il entendit l’Impératrice rire, puis se diriger vers la porte. Au moment où il s’avançait pour pouvoir sortir de la pièce, elle ferma à clé et se retourna vivement. Elle se dirigea vers la fenêtre, le bousculant presque à son passage …

Wagnerr s’empressa de la suivre, surpris par autant de fougue de la part de l’Impératrice : elle ne l’avait pas attendu, mais elle semblait tout de même rallonger un peu son chemin pour qu’il puisse la rattraper, sans la freiner dans sa course. Malgré son manque d’énergie récent, il la suivit avec entrain et arriva à sa hauteur.

- Tout d’abord, je ne préfère pas vous raconter mon passé d’humain, il est trop ancien et c’est un peu flou dans ma tête, même si certains évènements auraient tendance à me les rappeler. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’après ma transformation définitive, j’avais une soif de sang inextinguible, j’avais énormément de mal à me contrôler. Mais je ne me suis pas laisser entraîner : me rendant compte de ma bestialité, je me suis éloigné des villes et de tout être vivant, pour me retrouver dans des coins obscurs du territoire. Obscurs de par la configuration, pas pour un attrait maléfique ou autre.

Ils étaient bientôt arrivés à l’écurie, il avait parlé assez vite, sans s’en rendre vraiment compte, mais l’Impératrice avait apparemment tout saisi.

- Donc, j’ai cherché à maîtriser mes pulsions, en me cachant dans les forêts ou autre le jour, et en me déplaçant totalement à découvert la nuit. J’ai plusieurs fois croisé des voyageurs, et je me retenais de ne pas les mordre, mais ne ressentant la plupart du temps aucune méchanceté en eux, j’y parvenais assez bien. J’ai même parfois soupé avec certains, bien que j’avais la nourriture humaine en horreur. Petit à petit, je me suis senti moins affamé, pas grâce à leur nourriture … infecte. Mais, par leur présence : ma résistance à ma condition a créé en moi une mutation différente de celle de mes congénères. Je me suis rendu compte que plus les voyageurs en face de moi étaient harassés de fatigue et énervés, plus je me sentais bien. Et eux-mêmes par la suite se sentaient à l’aise, et étaient délivrés de toute fatigue. Telle est ma première capacité, celle d’absorber la « mauvais énergie » des personnes environnantes. Deuxième chose, en discutant avec eux, j’obtenais tout ce que je désirais. Je dis bien tout, certains étaient même prêts à donner leur vie pour moi, sans que je demande quoi que ce soit de bien précis. Ce pouvoir est celui qui m’effraie le plus, car quand je ne parle plus, les voyageurs commençaient à croire que je tentais de les manipuler. J’ai finalement était rejeté par tous les voyageurs, car ils s’étaient tous passés le mot, et tous se méfiaient de moi.

Fatigué de toutes mes mésaventures avec les humains, j’ai décidé de m’enfoncer dans un marécage ou nul homme ne posait jamais les pieds, loin, très loin en dehors de vos frontières.

Ils posèrent tous deux le pied au sol, ils venaient d’arriver à l’écurie. Là, deux gardes les attendaient, prêts à s’installer sur leurs chevaux, attendant juste que l’Impératrice monte la première. Toujours fatigué de ses précédentes courses, Wagnerr accepta volontiers de monter sur le cheval qu’on lui amenait. Ni une ni deux, Lou et Siegfried montèrent, avec une vitesse peu commune, ce qui surprit grandement les deux acolytes qui devaient les accompagner durant ce court périple. L’Impératrice fit signe aux gardes de monter, et au Vampire de continuer.

- Donc, je m’enfonçais dans ce marécage putride, et j’ai croisé une créature énorme, reptilienne au premier abord, ressemblant un peu à un dragon, mais en plus petit, avec un museau très allongé. La créature m’attaqua, et je vis sa mâchoire puissante commencer à se refermer sur moi… Mais elle fut arrêtée dans sa course, j’avais je ne sais comment, maîtrisé la créature avec une force invisible, qui émanait de moi, je la sentais, mais une force très étrange. Je repoussai sans aucun problème l’attaque de la créature, et d’un geste je la projetai quelques mètres plus loin. La créature, sonnée, tenta de revenir à l’assaut, mais fut arrêtée par un vieil homme étrange. Il lui donna l’ordre de s’en aller, ce qu’elle fit sans hésiter, et il tourna son bâton dans ma direction.

« - Qui es tu, jeune homme ? Pourquoi passes-tu dans ce marécage où personne ne passe jamais ? Mais tu es trempé ? Viens donc dans mon humble demeure, je vais te préparer quelque chose qui te réchaufferas. »

Je ressentis chez cet homme une bonté peu commune, que peu des voyageurs que j’avais croisés avaient en eux, mais malgré cela je décelais une ancienne colère en lui. Il se dirigea vers une charmante petite maison en chaume, dans un coin très peu humide du marécage, et il alluma un feu, mais pas à la méthode des humains : il utilisa la magie.

« - Alors, Vampire, que viens tu faire dans ce coin perdu ?, dit il en m’aidant à enlever mes habits. Et oui, ne prenez pas cet air surpris, vous ne pouvez pas me le cacher, ni même me mentir à ce sujet. Je sais aussi que vous résistez à l’attrait bestial de votre condition, et que je peux vous y aider. »

Il arbora un grand sourire, qui réchauffa mon cœur, que je croyais mort depuis ma résurrection sous cette forme. Il m’apprit par la suite qu’il avait été un Grand Dragon, magicien dans son temps, ce qui me fit bien rire. Je crois que ce vieil homme, à force de vivre seul, était devenu un peu fou, mais ça ne l’empêchait pas d’avoir une grande sagesse et un grand savoir. Il me confectionna la tunique et le masque que je porte actuellement, et m’expliqua qu’elle pouvait réduire ma force, toujours grandissante, mais aussi mon envie de morde qui que ce soit. Il ajouta aussi un charme à la tunique, en usant de rites que je ne connaissais pas, une langue étrange dont je n’arrive à prononcer aucune syllabe. Au même moment, apparurent sur la tunique les inscriptions que vous avez lues, vous et Nicodémus, comme étant Siegfried Wagnerr : le pouvoir de ce nom ? Me faire occulter mon véritable nom, même avec une forte concentration, je n’arrive pas à m’en souvenir.

L’Impératrice continuait d’écouter son histoire, avec les yeux grands ouverts, non pas de surprise, mais d’intérêt. Un frisson lui parcourut l’échine : il se retourna, et vit les deux soldats, non loin de là, qui avaient une expression très différente. Ils étaient comme subjugués, et du coup, le Vampire s’arrêta de parler, pour ne pas mettre en danger leur vie. Lou esquissa un sourire, fit un signe pour proposer une halte, et donna aux deux gardes des sortes de bouchons de cire. Elle leur ordonna de les mettre : elle avait tout prévu, ayant connaissance des capacités de Wagnerr et voyant leur effet sur eux, elle n’en fût que plus intéressée. Ils reprirent leur route, le Vampire, tout en racontant son histoire, tentant toujours de repérer l’endroit d’où était venu le hurlement de la veille. En observant les environs, il aperçut un bosquet, et décida de prendre le chemin qui allait dans cette direction. Il continua son histoire :

- Donc, une fois mise ma tunique, je ne me souvenais plus de mon nom, essentiellement de mon histoire, mais c’était extrêmement flou. Je n’avais pas encore mis le masque, et je me rendais compte qu’une autre capacité se révélait à moi : je me mis à entendre les pensées du vieil homme, sa pensée directe pour commencer, il me jaugeait de la tête aux pieds, et je commençais à rentrer plus profondément dans ses souvenirs. D’un revers de la main, il m’expulsa en arrière, et me fit son plus grand sourire, en me disant que j’étais bientôt prêt. Pendant quelques temps, il m’entraina à un art de combat, que je pourrais utiliser si jamais mes capacités venaient à s’amoindrir, le même style que vous avez utilisé à notre première rencontre, Impératrice.

Il regarda Lou, qui détourna les yeux un instant, puis le regarda à nouveau, comme essayant de percer son masque du regard pour y voir ses yeux. Le Vampire comprit tout de suite, et n’insista pas.

- Une fois mon « apprentissage » terminé, il me demanda de repartir en voyage, et de trouver par moi-même comment m’améliorer. Il avait d’autres projets en tête, et s’était donné comme charge d’aider les voyageurs égarés. Et le fait de m’avoir près de lui les faisait fuir, ce qui l’attristait grandement.

Voilà une grande partie de mon histoire, sans doute le plus intéressant pour le moment, le reste n’étant pas d’une importance capitale. Pour la suite, vous connaissez l’histoire : j’ai longuement voyagé, j’ai recherché la maîtrise totale de mes capacités, j’ai aidé du mieux que j’ai pu les gens, même si ils me détestaient, et j’ai finalement atterri à votre service…

Siegfried s’arrêta de parler, et tourna la tête brusquement. L’Impératrice l’entendit renifler un instant, et tourner la tête de l’autre côté : effectivement, elle l’avait senti elle aussi :

- On se rapproche …

Ils firent petit à petit ralentir leurs montures, s’arrêtèrent un instant, et repartirent précipitamment. Devant eux, il y avait une petite clairière, et au milieu gisait un homme qui se débattait furieusement. En se rapprochant, ils virent qu’il avait des crocs, et il saignait abondamment d’une morsure au bras et d’une griffure dans le bas ventre. Le Vampire resta interloqué un moment, ressentant de plein fouet toute la souffrance de l’homme qui se transformait en Lycan …