L'attente...

Le Vampire n’apprécia pas voir le Lycan dévorer l’Impératrice du regard, mais elle le remit à sa place. Il devrait avoir l’habitude à force, Lou est une femme de caractère. Et il faut bien, vu son rang, il faut qu’elle soit forte pour tenir à la tête du Royaume.

Ils avancèrent en direction du palais, et Wagnerr sentait le regard froid du Lycan posé sur lui. Il fit mine de ne pas le remarquer, jusqu’au moment où il entendit un grincement de dents : ce satané Azriel jouait avec ses nerfs. Après autant d’années d’entraînement pour maîtriser ses pulsions, il parvint tant bien que mal à l’ignorer, même si le crissement qu’il entendait résonnait dans ses oreilles comme un millier de couverts qui frotteraient dans des assiettes en porcelaine.

Un frisson parcourut son échine : de la colère … Nicodémus ! Il se retourna pour voir le Magicien arriver sur eux, l’air furieux. Il rajoutait un peu de magie dans ses mots, si bien que lui-même arrivait à être gêné de ne pas l’avoir prévenu de leur escapade. Il s’était rarement senti aussi bête, mais le fait de voir le Lycan lui aussi rabaissé lui redonna le sourire.

Il entendit Nicodémus frapper dans ses mains, et un jeune homme se dirigea vers lui et l’entraîna dans une petite pièce, située à côté de celle d’Azriel.

- Tant mieux, je vais pouvoir garder un œil sur lui, se dit-il.

Le page qui l’accompagnait parla d’une petite voix à Wagnerr. Malgré son air timide, il sentait chez lui une certaine force de caractère. Il lui répondit d’un ton enjoué :

- Ne vous inquiétez pas, jeune homme. Peu de personnes savent vraiment comment vivent ceux que vous appelez des Vampires. Mes cousins qui boivent le sang, ayant subi la mort et la résurrection, ont le corps froid comme un cadavre. Leur corps n’est donc plus régulé comme vous autres mortels, et ils n’ont pas besoin de prendre un bain. De plus, la plupart sont comme les chats : ils en sont venus à détester l’eau.

Le jeune page esquissa un sourire, il ne pensait pas qu’un Vampire pourrait plaisanter un jour avec lui. Siegfried se dirigea vers la fenêtre, et tira les rideaux. Il se dévêtit, et le jeune homme fut surpris de voir un corps tout ce qu’il y a de plus normal : le Vampire n’avait pas le corps blafard de ses cousins, on aurait dit le corps d’un humain normal. Il écarquilla les yeux.

- Et oui, je ne suis pas du tout comme mes semblables. Je ne suis pas aussi … décharné. Quand à ma tenue, elle est enchantée, donc une fois que vous l’aurez lavée, elle sera comme neuve, et le tissu spécial sèche extrêmement vite.

Il tendit son costume au jeune homme, qui essayait tant bien que mal de distinguer son visage dans la semi obscurité. Le Vampire savait qu’il ne fallait pas qu’on le reconnaisse, aussi se retourna t’il et se dirigea vers la baignoire qui l’attendait. Ahhhh, un bon bain après un bon voyage, voilà qui devrait le détendre un peu. Il fallait tout de même qu’il reste attentif, car Azriel n’était pas bien loin de lui. A sa grande surprise, un grand calme régnait dans la pièce voisine.

Le page sortit en s’inclinant, et Wagnerr s’assoupit un instant, profitant des effets bénéfiques d’une eau bien chaude.

Quelques minutes plus tard, il se redressa brusquement, sentant qu’il allait se passer quelque chose à côté. Il se sécha au plus vite, au moment même où le jeune homme revenait dans la pièce, surpris de voir que le costume du Vampire était déjà sec et comme neuf. Ce dernier l’enfila à la hâte, bouscula dans sa précipitation le jeune homme, et entendu un cri dans la pièce à côté.

Au moment où lui-même sortit de sa chambre, il vit Azriel sortir en grommelant : il jeta un regard noir au Vampire, et s’en alla en direction de la salle de réception, qu’avait indiqué Nicodémus peu de temps avant. Il regarda dans la chambre, et vit le page qui s’occupait du Lycan recroquevillé dans un coin de la pièce, complètement effrayé, et jeta un regard apeuré en direction du Vampire :

- Il est parti ?

Wagnerr acquiesça, et le jeune trouillard se leva en quatrième vitesse et sortit précipitamment de la chambre. Quel soulagement ! Le Vampire se dirigea donc à son tour vers la Grande Salle, suivi par le page, qui admirait Wagnerr d’être resté calme, mais d’avoir tout de même agi rapidement au vu de la situation. Siegfried mit ses mains dans ses poches et se mit à rire.

En effet, que de souvenirs ! Wagnerr se rappela l’époque où un page avait eu la même réaction, pour beaucoup moins que ça. Et il trouvait la réaction du Lycan hilarante, bien qu’il comprenne que ce n’est pas évident d’être traité comme ça. Il se retourna, et un éclair le traversa : c’était lui, le même page qui auparavant le fuyait, qui le suivait comme un petit chien, l’air ébahi. Il se mit à rire de plus belle, et il arriva enfin dans la grande salle pour voir Azriel se retourner et le regarder de l’air le plus noir que ses yeux pouvaient donner.

Le Vampire s’approcha du Lycan, et posa une main amicale sur son épaule tout en s’asseyant à ses côtés. La réaction d’Azriel fut prévisible, il retira la main de Wagnerr avec violence et se mit à grogner comme une bête.

- Calmes toi donc, Lycan, ça ne va pas te tuer un peu d’amitié. Je comprends ce que tu ressens : ce peureux qui me suit, que tu considères comme « débile », a même tenté de me planter un pieu dans le cœur il y a quelques années. Et ceci dans mon sommeil. Je l’ai laissé faire, pour voir jusqu’où il irait, et à peine son instrument de mort à quelques millimètres de la poitrine, j’ai bougé un doigt, et il s’est enfui en courant et en hurlant.

Il se retourna vers le page, qui commença à rougir et à détourner les yeux, faisant mine de regarder une poussière qui volait. Il eut tellement honte qu’il se retira, en faisant maintes courbettes, pour au final se prendre les pieds dans le tapis et tomber sur les fesses, tout en faisant tomber un chandelier auquel il avait désespérément tenté de se rattraper. Cela provoqua un fracas assourdissant.

Azriel éclata de rire, suivi par Wagnerr. Malgré le fait qu’il ne puisse pas supporter la haine constante qu’il dégageait, il apprécia ce moment en sa compagnie, et lui servit un verre de vin.

Wagnerr fut interloqué par la prestance de l’Impératrice : il l’avait souvent vue dans des vêtements somptueux, mais il n’avait encore jamais vu ceux là. Lou le surprendra toujours ! En si peu de temps, elle avait pu s’habiller et se maquiller d’une façon divine. Le Vampire s’était toujours senti bizarre en sa présence, et son cœur, qu’il croyait mort depuis longtemps, tressauta dans sa poitrine. Quelle perfection ! C’est à des moments comme celui là qu’il était prêt à tout tenter pour la protéger.

Le fait qu’Azriel le traite de « vampire de salon » ne le fit même pas sourciller, il commençait à avoir l’habitude des railleries du Lycan. Et le fait de ne pas les relever lasserai peut être ce dernier, et peut être finirait il par se calmer.

L’Impératrice prit enfin place sur un fauteuil, et le Vampire décida de détendre l’atmosphère, comme il le faisait quand il était encore humain. Il n’était pas vraiment sûr de la réaction que cela pourrait provoquer, lui qui était un pitre à cette époque là, mais cela faisait de nombreuses années …

- Tu as beau me traiter de « vampire de salon », mais pour le moment c’est toi qui nous montre tes bonnes manières en mangeant dignement ta viande crue, dit-il d’un ton moqueur en levant le petit doigt. Et le fait d’être un vampire n’est pas une tare, tout comme le fait d’être un Lycan, c’est juste une évolution peu naturelle de ce qu’on était avant. Tu peux toujours essayer de me massacrer, mais nous sommes pratiquement de force égale, donc le fait de nous battre ensemble ne mènera sûrement pas à grand-chose, à part peut-être de te casser malencontreusement une griffe. Et moi-même, je pourrais aussi me faire briser une jambe ou un bras avec ta mâchoire d’acier, sans que pour autant cela ne transperce ma peau. Et puis tu pourrais aussi t’y casser une dent !

Azriel commençait à bouillir intérieurement, car jamais on ne l’avait autant provoqué. Même si quelques points le faisaient rire intérieurement, jamais personne n’aurait osé provoquer sa colère, de peur de se faire dévorer. Ce vampire avait du cran, et il n’avait pas tout à fait tord.

Wagnerr continua de plus belle :

- Ah ! Ces dragons ! Ils ont été bien bons de nous faire ainsi, mais malheureusement beaucoup d’humains réagissent de façon stupide aux changements, et cela provoque des craintes inutiles, alors que certaines nouvelles créatures immortelles pourraient s’avérer d’un grand secours pour eux. C’est ce que je cherche à démontrer depuis plusieurs années, tout en étant au service de Lou. Et, mon cher Lycan, tu vois bien que ça marche ! Je n’ai même pas à utiliser mes capacités, et ils arrivent à m’accepter. Alors, pourquoi pas toi ?

Le vampire se leva brusquement, et se mit à faire des gestes ridicules dans le vent, mais il ne fit pas attention à sa cape et se prit les pieds dedans, ce qui eut pour effet de le faire trébucher sur la table, et le vin qu’il avait servi auparavant à Azriel aspergea le visage de ce dernier.

Azriel en avait assez des beaux discours de ce vampire de pacotille… Il ne le regardait même pas et tout en mâchonnant il haussait les yeux au ciel…

Il fit quelque pas saisissant son assiette au cas où on lui piquerait sa nourriture crue…Et tourna le dos à Wagnerr…Mais ce dernier poursuivait à déblatérer un tas de trucs complètement inutiles et dont Azriel se fichait pas mal.
Tenant son assiette d’une main il mimait une bouche qui parlait sans arrêt avec l’autre dans le genre « cause toujours tu m’intéresses »…

Le fait d’annoncer qu’il pourrait se mettre au service de l’impératrice le fit sortir de ses gongs…

- Moi ! AU service de quelqu’un ? Je ne sers personne d’autre que moi-même…On m’a repoussé, marqué au fer rouge ! Sais-tu ce que c’est vampire-je-sais-tout-et-j’ennuie-le-monde- avec-mes-paroles-indigestes d’être marqué ? Sais-tu ce que c’est que d’être montré du doigt ? Je veux leur rendre ce qu’on m’a fait payer depuis ma lus tendre enfance…On m’a trait pus bas que terre et j’ai du me relever seul….J’étais un enfant à ce moment…Dompter le lycan qui est en moi fut la seule chose qu’il me restait à faire si je voulais me venger…Alors maintenant que je suis libre et que j’ai enfin une force supérieure à celle de ces abrutis d’humains sans cervelles….je ais certainement pas me mettre à faire je ne sais quoi que service de je ne sais qui pour je ne sais quelle cause perdue…

Il avait parlé avec force et honneur (gladiator je vous salue…heu nan c’est pas ca…^^).

Il saisi son avant dernier morceau de viande et l’engouffra rageusement dans sa bouche...il avala bruyamment tout en saisissant sa coupe de vin.

- Tu peux être facilement accepté…on ne sait pas qui tu es ce que tu es…à quoi tu ressembles…T’es pas une bête monstrueuse toi. Quand je me transforme…même si je ne veut faire de mal à personne on me menace…je vois une foule hérissée de fourches et de piques hurlante à mon égard…Et si je veut m’approcher on me repousse…Ou alors on s’enfuie en hurlant tout son saoul…Alors que toi…On te prend pour un homme au premier regard…Et moi…je n’ai pas de pouvoir magique…je ne suis qu’un Loup Garou…doté d’une force surhumaine et d’un gout prononcé pour la viande crue…point…Alors les cours d’intégration merci, mais très peu pour moi…

Mais à peine le lycan eut-il fini son speach qu’il se retrouva aspergé de vin sur tout le visage…Dégoulinant…il fixait Wagnerr d’un air de chien battu…ne sachant trop comment réagir…

Et pour comble de malheur, Azriel qui vait relaché son attention sur son dernier morceau de viande se le vit chipé par un chien qui se faufila vite fait bien fait pour s’enfuir de la pièce afin de déguster son repas volé au Loup Garou…il pouvait être fier d’avoir réussi une pareille prouesse.

Azriel comtemplait son assiette vide d’un air dépité…

- Alors là…

Il se mit alors à hurler, pointant le poing vers l’edroit où le chien avait disparu :

- Sale Cabot ! Voleur reviens ici de suite ! Je vais te bouffer ! Et toi ! Imbécile de vampire t’es pas doué ma parole ! A-t-on idée d’être aussi maladroit ! Quel gaspillage ce bon vin ! Et MONNN VIN MAIS J’Y CROIS PAS ! ON EST CERNE PAR LES INCAPABLES ! ET VOUS LA BS ARRETEZ DE RIRE C’EST PAS DROLE DU TOUT !

L’impératrice c’était effectivement mise à rire, tandis que notre petit page chargé d’entretenir Azriel s’approcha avec une serviette et un autre avec une vasque pour qu’il puisse se rincer le visage et s’essuyer.

Ils tremblaient de tous leurs membres devant la fureur du lycan qui eut un air de grande lassitude…Il s’épongea le visage après ses ablution et fixa le page d’un œil noir…Ce dernier hurla de peur et lança la vasque en l’air pour prendre ses jambes à son cou, suivi de l’autre page guère mieux rassuré face au loup garou.

La vasque s’était retournée…au dessus de Wagnerr et lui retomba sur le crâne si bien qu’il se retrouvé à son tour trempé et coiffé d’une vasque pour le plus grand plaisir d’Ariel qui à son tour éclata de rire en se pliant en deux et tenant ses côtes...Il faut dire que le vampire était à se moment fortement ridicule…

A peine Wagnerr eut il le temps de se redresser et d’épousseter ses vêtements, qu’il vit tomber, mais beaucoup trop tard pour réagir, une vasque remplie d’eau. Il était à présent complètement trempé, et arborait fièrement son nouveau couvre chef : il prit une pose des plus digne, histoire de se rendre encore plus ridicule qu’il ne l’était déjà. Mais le rire de Lou provoqua en lui une réaction à laquelle il ne s’attendait pas.

Il ne savait pas quoi, tout était brumeux dans son esprit, mais il lui semblait qu’il connaissait, de près ou de loin, le jeune garçon dont parlais l’Impératrice. Il se remémora l’odeur de souffre des dragons, et le rire de Lou lui fit un frisson dans le dos : l’entendre rire pour la première fois réjouissait son cœur, mais en même temps il ne put s’empêcher de ressentir quelque chose d’étrange.

Était il présent ce jour là, ou en avait il entendu parler ? Il se souvenait d’avoir un lien avec l’ancienne Confrérie, mais ne se souvenait plus s’il en faisait parti ou avait juste été un simple page. Satané vieil homme, qui avait mis cet enchantement sur son masque, sans l’en avertir à l’avance.

D’un autre côté, cela avait été une bonne chose qu’il ne se souvienne plus, c’était au final une période très sombre pour lui, car il regrettait amèrement sa vie en tant qu’humain. Être un immortel ne faisait pas de lui une personne plus heureuse, loin de là. Il ne se souvenait même pas si un jour il avait été amoureux, ou le lien qu’il entretenait avec ses parents. Il se souvenait juste de la magie, il avait à une époque été entrainé par un vieux Dragon à la magie blanche, mais il n’arrivait plus à se souvenir de la moindre formule.

Pourquoi diable se souvenait-il d’une chose si peu importante, et pourquoi avoir oublié le reste ? Se pourrait il que ce souvenir ait été laissé volontairement pour qu’il se méfie de tout autre mage ? Et donc, de Nicodémus, étant le seul adepte de la magie qu’il connaissait ?

Il se posait beaucoup de questions, seulement après avoir entendu ce rire, qui résonnait en lui comme un écho dans une multitude de montagnes. Plus il tentait de se souvenir, et plus sa tête le faisait souffrir. Il décida de ne pas insister, ce n’était peut être pas le moment de faire ressurgir de pénibles moments.

Il retira la vasque posée sur sa tête, et la tendit au page tremblant qui revenait la récupérer. Il fut soulagé que le vampire ne montre aucun signe de colère, et se retira.

Azriel regardait Wagnerr d’un air moqueur, et arborait un petit sourire en coin qui montrait des dents acérées. La nuit était presque terminée, et on entendit soudain au loin le hurlement d’un autre Lycan, beaucoup plus lointain. Le vampire dévisagea Azriel, et il vit son sourire s’agrandir de plus belle, comme si il savait de qui il s’agissait. Siegfried regarda l’Impératrice, qui avait cessé de rire suite à ce hurlement inattendu.

- Étrange, je ne sens aucune soif de sang, aucune haine dans ce cri. Quelque chose me dit que nous ne devons pas intervenir, nous en avons déjà assez à faire avec notre ami ici présent.

L’Impératrice acquiesça, et, quand Wagnerr se tourna vers Azriel, il poussa un grognement de satisfaction.

Lorsque Manfred passa la grande porte d’ADC, l’après midi était bien entamée. Il confia son cheval, épuisé, aux palefreniers impériaux qui le prirent de suite en charge. L’étalon noir bavait sous la pression du mors, et soufflait comme un bœuf. La selle et son tapis étaient trempée de sueur…il allait enfin pouvoir être bichonné et se reposer comme il le méritait.

Le connétable se précipita ensuite vers le palais. Il traversa la cours et gravit les marches du parvis avec une incroyable rapidité. La porte monumentale s’ouvrit d’elle-même…
Dora poussa un cri d’exclamation. Elle ne se souvenait guère de cet endroit magnifique et majestueux qui les avait accueillis suite à la tragédie qui les avait frappé. C’était la que Jonathan et Jérémie furent soignés…mais l’impératrice et Nicodémus furent impuissant quant au sortilège qui avait métamorphosé Jérémie.

Les deux frères arboraient des mines sombres. Ce lieu ne leur mettait pas de baume au cœur. Et l’arrestation d’Elendil leur était insupportable.

Enfin une porte s’ouvrit devant eux, et elle apparu…dans ses vêtements somptueux…et son maintien ferme et élégant.
On les annonça de manière fort solennelle. Manfred s’avança, un lutin dans chaque main, et Jérémie sur son épaule. Il semblait remis quelque peu de leurs périples de la nuit. Le connétable s’agenouilla respectueusement devant Lou et Nicodémus, tout en prenant garde aux petites créatures qu’il portait. Il mit un genou à terre pour présenter ces petites personnes royales qui s’inclinèrent à leur tour devant l’impératrice.

Cette dernière leur sourit aimablement et inclina la tête à son tour pour les saluer selon leur rang.

« - Je suis bien aise de vous savoir arrivé sir de Forêt Noir. Nous commencions à nous inquiéter à votre sujet. Avez-vous fait bonne route ? »

Jonathan eut un sourire narquois…il répondit d’une voix monocorde :

« - Exécrable Madame. J’ai connu mieux comme voyage. »

Le connétable jugea à ce moment bon d’intervenir et expliqua en détail ce qu’il était advenu de ces pauvres farfadets à leur arrivé à la frontière. L’impératrice l’écoutait attentivement…Puis il y eut un silence…Elle prit enfin la parole :

«- Manfred, veillez à mettre à la tête de la garde impériale de la Frontière du Monde Enchanté quelqu’un ayant plus de tact et de savoir vivre. Quelqu’un qui répons de moi et qui représente l’empire de façon honorable. Je ne tiens pas à ce qu’un tel désastre se reproduise.»

Le connétable inclina la tête respectueusement :

« - A vos ordres altesse… »

Il y eut un autre silence, et Lou semblait réfléchir. Elle marchait de long en large, interrogant Nicodémus du regard. Ce dernier pris la parole :

« - Son altesse n’a encore pas vu les prisonniers qui doivent être jugé. Mais s’il est coupable et qu’il a reconnu son crime…nous ne pouvons rien faire. La justice ne tolère aucune entorse. »

Le connétable parut surpris :

« - Vous n’avez pas vu les prisonniers ? Pourtant…le chariot est arrivé depuis quelques temps déjà…A moins…Altesse je demande la permission de me retirer afin de me rendre à la prison…Il est possible d’éviter une catastrophe. »

Lou pris un air navré :

« - Voyons Manfred, quand bien même vous m’amenez ce jeune homme…il sera condamné à mort… »

Dora s’exclama alors :

« - Elendil est innocent ! »

D’un geste Jo la somma de se taire. Il était inutile d’aggraver le cas d’Elendil en révélant sa véritable identité. Lou secoua doucement la tête avec un faible sourire :

« - Nymphadora…votre sympathie pour ce jeune homme vous égard. S’il est reconnu coupable et qu’il porte la marque des meurtriers…Je n’ai lus rien a faire…Les faits parlent d’eux même.. »

Jo’ dit alors d’une voix basse, mais suffisamment fort pour que Lou l’entende :

« - Allez-vous donc encore une fois nous décevoir altesse ? »

Le visage de la petite fée s’empourpra de colère en entendant son véritable nom…Elle fit avec violence :

« - Dites-moi altesse, quel homme assassinerait de plein gré la femme qu’il aime…et qui porte son enfant ! Ce n’est pas lui le coupable ! »

Ces quelques mots eurent un impact curieux chez l’une des personnes présente. Azriel qui jusque-là s’ennuyait à mourir face à toutes ces simagrées protocolaires se redressa et demanda avec une étrange lueur dans les yeux :

« - Et comment vous dites qu’il s’appelle ce…jeune homme ? »

« - Elendil…pourquoi ? »

L’éclat dans les yeux d’Azriel n’échappa nullement à Lou qui se tourna vivement vers Manfred :

« - Allez me chercher…ce jeune homme…ou plutôt…ce lycan… »

Le connétable posa ses compagnons sur une petite table et s’empressa de sortir pour sauver la vie d’Elendil qui devait surement être exécuter dans les minutes qui allaient suivre…à moins…qu’il ne soit trop tard…

L’impératrice croisa le regard de Dora qui la fixait de ses yeux mi-étonnés, mi-reconnaissants. Jo' et Jérémie parurent surpris que Lou ai deviné qu'il était un lycan...mais après tout, c'était l'impératrice...plus rien ne devait étonner personne à son sujet. Gardant le silence l’impératrice faisait les cents pas…Elle se tourna vers ses invités :

« - Le conseil aura lieu ce soir à la salle du trône. Si vous souhaitez aller vous débarbouiller…je ne vous retiens pas ; Mes serviteurs sont à votre disposition. Reposez-vous. »

Elle s’adressait autant à la vieille Eléonore et sa protégée, Inwë, qu’à Jo’, Jérémie et Dora. La petite fée secoua la tête. Elle refusait de s’en aller…Elle voulait voir Elendil. Jo’ la tirait par le bras, mais la jeune fée tenait bon…

« - Va…Je vous rejoindrai avec Jérémie… »

Jonathan soupira, sa sœur était une vraie tête de mule…Et une tête de mule amoureuse que rien ne détournerai de son objectif…Il n’avait pas le choix…Un page présenta un plateau vide au farfadet qui grimpa dessus, tandis que Jérémie se percha sur l’épaule du page. Ils quittèrent la salle, suivis d’Eléonore et d’Inwë qui n’étaient pas fâchées d’aller se débarbouiller après leur longue route.
L’impératrice s’assit sur son trône, Wagnerr et Azriel étaient restés également comme Lou leur avait ordonné d’un signe.

La colère d'un dragon est une chose redoutable et qu'il ne vaut mieux pas avoir engendré...Lou était devenue blanche comme un linge, ses yeux bleu semblaient figés...tout le corps de l'impératrice tremblait...incapable de canaliser la colère de l'âme de la jeune femme qui hurlait au plus profond d'elle-même...

L'impératrice se leva doucement...Et à sa grande surprise, Wagnerr sentait que l'épée bougeait en fonction des mouvements de l'impératrice...Soudain, l'épée s'échappa des mains de son possesseur et fonça tout droit...vers Lou...avec une rapidité telle que l'impératrice eut juste le temps de se décaler.
Manfred qui s'était redressé cru voir une vision d'horreur et cria brusquement:

- Altesse! NON!

Il y eut un bruit sourd comme d'un objet dur qui en rencontre un autre...et un déchirement de tissu...

L'épée s'était figée dans l'effigie du dragon qui ornait le dossier du trône de l'impératrice...une effigie à l'image du Grand Roi Dragon. Le bruit de tissu qui se déchirait venait de la soie qui formait la longue et ample manche de la robe de l'impératrice qui se retrouvait là...debout, les bras tendu juste eu dessus de la lame de l'épée qui avait traversé sa manche...La jeune femme tremblait de tout ses membres tandis qu'elle regardait cette épée meurtrière...

Manfred de Chartelin se rua vers son amie:

- Majesté ne bougez plus! Je suis là...

Aidé de trois gardes ils retira l'épée...le connétable regardait l'arme puis Lou d'un air inquiet... Lou avala sa salive avec difficulté...elle fixait toujours l'arme d'un air apeuré...elle tendis la main vers le pommeau de l'épée qui sembla pousser un rugissement terrible et s'agita...L'impératrice retira brusquement sa main et se tourna vers Wagnerr, ses yeux bleus mouillés de larmes qu'elle essuya rapidement.

D'une voix cassée elle fit doucement:

- Comment...Comment avez-vous...osé...les armes sont interdites...vous le savez...Mais là...ce n'est même plus une arme que vous avez ici...C'est une malédiction...

Elle fit signe à Manfred:

- Enlevez moi ça...

Devant l'émerveillement de tous les gardes qui restaient muets de stupeur face à la beauté de l'arme, la colère de Lou se réveilla à nouveau:

- ENELEVEZ-MOI CA!!

On exécuta l'ordre aussitôt...La jeune femme regardait l'a sculpture du roi des dragon qui avait été traversée de part en part...cette fois elle ne pu retenir ses larmes...Elle tournait le dos à l'assemblée...et sa voix s'éleva...éraillée...et triste:

- Une épée tueuse d dragons...Forgée avec le sang des vieux dragons...âgés de mille ans...Elles ont été faîtes pour tuer les dragons qui voudraient se dresser face aux dessins de leurs créateurs...Les humains...les nains...les mages ...tout ceux qui avaient décider de vivre sans les grandes dragons...La seule façon pour un enfant de Chiméria de tuer un dragon...est de lui faire toucher cette épée...ou de le transpercer...On dit que si un dragon touche l'arme...celle-ci assimile son âme à jamais...et sans son âme...le dragon meurt...

Elle marqua une pose...et renifla bruyamment...

La porte s'ouvrit en grand et Nicodémus entra...il s'arrêta net en voyant le visage du roi dragon...que Lou caressait doucement de la main...

Il s'approcha de Wagnerr:

- Malheureux...vous ne savez pas ce que vous avez fait!

Puis le magicien marcha d'un pas alerte vers Lou qui lui fit signe de la laisser...Elle reprit son histoire:

- J'avais donné ordre que ces épées soient détruites...toutes sans exception...J'ose espérer que celle-ci est la dernière...qui ai survécut...Mais ce que je ne comprends pas...Messire Wagnerr... Elle tourna vers lui son visage furieux: c'est comment une telle chose a-t-elle pu entrer en votre possession...Et pourquoi...vouez-vous une telle haine contre les dragons! Que vous ont-ils fait pour mériter cela? Ces épées se lient à l'âme de leur porteur...elles accomplissent la volonté de celui qui la tient...Et vous...votre volonté quelle est-elle? Mise à part de tuer mon trône...
La touche d'humour dont venait faire preuve l'impératrice avait tout du sarcasme. Mais Wagnerr ignorait la portée de l'acte de l'épée...pourfendre l'effigie du roi dragon et de son influence sur l'impératrice dont le cœur était meurtri par une telle vision...
Lou se tourna cette fois-ci face aux deux lycans...ses yeux perçants fixaient Elendil qui eut une désagréable impression d'être complètement analysé des pieds à la tête...mais aussi au fond de lui...La jeune femme fit d'une voix dure et sévère:

- Dora...veuillez rejoindre votre frère...il est inutile que vous courriez d'avantage de risques...Vous avez été suffise ment éprouvée ces derniers temps...

Pus la mine sombre, Lou se rassis sur son trône:

- Wagnerr...j'attends vos explication...Et vous les lycans...allez vous habiller autrement! Vous êtes à faire peur! Le conseil aura lieux dans trente minutes en salle du trône! Soyez prêt! Sinon vous aurez affaire à moi! Nicodémus va vous conduire et veillez à ce que vous ne fassiez pas d'autres sottises du genre! Aller!

Le vieux mage s'approcha des deux Loup Garou, il fit un petit geste rude à Azriel pour lui faire comprendre qu'il connaissait le chemin, puis se tourna vers Elendil et Dora il leur fit signe de le suivre...Ainsi Elendil était convié d'office au Conseil, sans avoir besoin d'expliquer quoique ce soit à l'impératrice...plutôt rapide et peu banale comme entrevue...